Une bonne nouvelle : un prix !

Publié le par Marie Zim

 

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                                   Terrasse de la Médiathèque où a eu lieu la remise des Prix                   

                                                                                  

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                                             Lecture des nouvelles primées

                                                 (photos de Moniq Akkari)

 

L'une de mes nouvelles :  "Fidèle au poste" a été primée samedi :

elle a reçu le Prix François JODIN de la ville de Saint-Dié des Vosges,

j'en suis ravie bien sûr !


C'est la seconde fois que je reçois ce prix, la première c'était en 2008 avec ma nouvelle

"En toile de fond"

(cf article sur mon blog)

 

Evidemment, il a fallu que je me distingue ! 

L'un des membres du jury a tenté de me joindre le matin même (la remise des prix c'était à 15 h, à une heure de route de chez moi !) sauf que mon nouveau téléphone portable n'a pas fonctionné et que j'attendais avec impatience les résultats, scotchée à mon téléphone fixe qui lui marchait bien mais que mon interlocuteur n'a pas sollicité !(ouf ! quelle phrase !)


Du coup, je n'ai été informée qu'à 15 h, trop tard pour pouvoir être présente ! 

Quand je vous dis que je n'habite pas au pays des quiches pour rien ! (rire) 

 

Un très chouette article  à découvrir  

De Moniq Akarri sur Suite 101

 

Je vous glisse le petit extrait me concernant  ( merci Moniq ! ) :

 

...Le retour à l'enfance avec Marie Zimmer, pour le Prix Jodin, avec "Fidèle au poste" :

il faut dire que c'est son public cible,  le monde de l'enfance. Elle y glane d'autre prix. Mais ce qui nous fascine (nous scotche littéralement) dans cette nouvelle, c'est justement l'effet de surprise total qui arrive avec la chute. Elle a su ménager le suspens jusqu'à la fin. Et étonnamment, partir de ce monde virtuel qui fait notre quotidien en lui trouvant un point d'accroche original. Mais je n'en dirais pas plus, pour vous inciter à vous y plonger !

La nouvelle est déjà sur le net....



 

Fidèle au poste


 

     L’avion n’avait pas encore pris son envol et déjà Albert sentit de grosses gouttes dégouliner de ses tempes. Elles continuèrent leur progression se faufilant entre le col de sa chemise et son cou.  Pour s’arrêter pile poil au-milieu de son dos.

     Albert fit la grimace. Sensation désagréable du tissu mouillé qui adhérait à la peau comme une sangsue prête à se repaître de son sang. Mais bon sang  justement, que venait-il faire dans cette galère ?  La même depuis tant d’années !  Sa peur de l’avion et lui étaient les meilleurs ennemis du monde. Il avait beau tenté de se raisonner, il ne pouvait s’empêcher, chaque semaine, de faire la queue au guichet d’embarcation,  la trouille au ventre et les mains moites.
     Les autres voyageurs le dévisageaient avec un air incrédule. Certains détournaient carrément les yeux  presque gênés, d’autres se fendaient d’un sourire narquois. Eh bien quoi ! Qu’avait-il donc de si spécial pour être ainsi la cible des regards de tous ces crétins qui comme lui attendaient dans la file ? Sa peur qui transpirait par tous les pores de sa peau était-elle si perceptible qu’elle suscitait tant d’attention ?
       Têtu, il savait qu’il ne renoncerait que le jour où il serait arrivé à ses fins. C’était loin d’être gagné ! Jusqu’ici, on ne peut pas dire que la chance lui avait souri.  Il commençait même à se persuader qu’il était né dans la catégorie des gros nazes, ceux qui ne réussissent jamais rien !
       Bien installé à sa place,  vérifiant pour la vingtième fois que sa ceinture était correctement bouclée, Albert se mit à trembler de la tête aux pieds dès qu’il entendit vrombir les moteurs de  l’avion. Juste devant lui, il repéra un grand échalas rouquin qui se mettait les doigts dans le nez. Il en extirpa une grosse crotte immonde qu’il balança dans l’air d’une pichenette.  Pouah ! Albert prit son air le plus dégoûté et regarda ailleurs.
        Il entendit pleurnicher un enfant puis un deuxième. Et cela l’exaspéra au plus haut point. Et les parents ? Ils font quoi les parents ? Peuvent pas les faire taire leurs sales gosses !
       L’avion prit soudain de la vitesse et décolla d’un coup sec. Albert sentit son estomac faire un bond à la verticale puis redescendre en essayant tant bien que mal de retrouver sa place. Façon bilboquet qui s’affole.
Il était assis à côté d’une nana qui avait l’air de prendre son pied à se retrouver ainsi dans les airs. Elle avait un sourire béat et Albert se dit qu’elle était à deux doigts de taper dans ses mains pour manifester sa joie.

        - C’est chouette hein ?  s’exclama-t-elle
        - Super !  répondit Albert du bout des lèvres en tentant de rester maître de son estomac.
       Franchement il n’avait pas de bol. A chaque fois il fallait qu’il supporte des illuminés comme cette fille qui volaient pour le plaisir. Juste pour le plaisir. Cela dépassait son entendement. Albert  volait par nécessité. Juste par nécessité.
       La voix du commandant de bord résonna distinctement pour leur souhaiter bon voyage. Tu parles d’un bon voyage, quel abruti celui-là ! Albert n’avait qu’une chose à faire : attendre patiemment que le vol s’écoule en même temps que les gouttes dans son dos.
       Il jeta un œil rapide sur l’échalas de devant qui continuait l’exploration de son appendice nasal. Pour ne plus penser à sa peur, Albert s’imagina dans une fusée avec le grand rouquin. A coup sûr, cela ferait un spectacle inoubliable : voir les crottes de nez s’éparpiller en apesanteur dans l’espace.
       Le moment tant attendu arriva. L’avion amorça sa descente en vue de l’atterrissage.
« O Temps suspends ton vol ! » pensa Albert. Il s’extirpa soudainement de la carlingue tel un diable de sa boîte.
       - A moi, à moi ! cria la nana à ses côtés.
       - Non pas à toi merdeuse !  A moi !  rétorqua Albert bien décidé à ne pas se laisser faire.
      Vlan, il lui flanqua un coup de coude dans le flanc droit pour la déséquilibrer. Mais la petite peste avait été plus rapide que lui. Et Albert referma sa main sur le vide. La fille tenait serré contre elle l’énorme pompon  et dévisageait Albert de ses petits yeux vicieux. On aurait dit qu’elle avait décroché la lune.
        - Bien joué la petite brune ! balança la voix dans le haut-parleur.
       Le manège s’arrêta et Albert soupira. Il n’en pouvait plus de tourner ainsi en rond depuis tant d’années et de toujours repartir chez lui bredouille. Il sentit peser sur lui les regards désapprobateurs des parents de tous ces petits cons en mal de sensations. Albert s’en fichait pas mal. A presque cinquante ans, il pouvait passer pour un attardé ou un pervers, il ne lâcherait pas l’affaire pour autant.
       Mercredi prochain il serait là,  fidèle au poste, la trouille au ventre et les mains moites.

 


Publié dans PRIX et CONCOURS

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A
<br /> <br /> Félicitations Marie !!!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Anaïs !!!<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> Super trop fort ma famille est des vosges et notamment de st Dié j'ai encore ma grand-mère à gérardmer ainsi que mon oncle et ma tante et je connais bien épinal que j'adore...<br /> <br /> <br /> félicitations à toi !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci à toi ToutiWeb !  Je n'ai pas encore pris le temps de vraiment découvrir ton univers mais je vais bientôt le faire !  Moi j'habite pas très loin d'Epinal.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> <br /> Oh Marie ! Elle est géniale ton histoire ! Impossible d'anticiper la chute ! Et pourtant, tout le long, je me disais que ce rouquin qui se cure le nez, c'est louche, c'est louche... !<br /> Félicitations !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ah je suis tellement longue à répondre à mes messages !   Merci Hélène ! <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Je découvre seulement tes textes (honte à moi)<br /> <br /> <br /> Ce dernier est extra !<br /> <br /> <br /> Féliciations pour ton prix pas pris ! ;)<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> (rire) .... mais il n'y a pas de honte à avoir tu sais !  Merci Laure !  <br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br />  t'es trop douée pour les chutes Marie!! (le reste aussi mais les chutes c'est vraiment...extra!!!) Bravo!!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Ravie que ça te plaise Babelle !  Merci à toi surtout de m'avoir lue....<br /> <br /> <br /> <br />